À une époque où les préoccupations environnementales et les enjeux de développement durable prennent une importance croissante, il est essentiel de repenser notre manière de nous déplacer. Pour encourager les citoyens à adopter des déplacements doux, les décisions gouvernementales et les initiatives prises par les entreprises constituent un réel pilier.
I. Mobilité douce : définition
La mobilité douce désigne l’ensemble des déplacements durables, principalement effectués dans des environnements urbains. Elle inclut des moyens de transport qui ne produisent pas ou peu d'émissions polluantes, favorisant ainsi la réduction de la pollution de l'air et du bruit, ainsi que la diminution de la congestion urbaine.
La mobilité durable est aujourd’hui un sujet prioritaire dans la lutte contre le dérèglement climatique. En effet, les transports demeurent les principaux émetteurs de CO2, étant à l’origine de 32% des émissions totales du pays (Les Echos). La mobilité douce s’inscrit ainsi au sein des nombreux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.
II. Quels sont les types de mobilités douces ?
Il existe de nombreux types de mobilités douces ! Parmi ces derniers, nous retrouvons la marche, le vélo, les véhicules électriques (voitures et scooters), les transports publics (bus, tram, trains) ou encore d’autres modes de transports durables tels que le covoiturage ou l’autopartage.
Nous vous proposons quelques informations sur chacun de ces modes de transports :
- La marche : en France, la marche est le second mode de mobilité quotidienne après la voiture. Pour 24% des Français, la marche est le principal mode de transport quotidien (Webzine voyage). En revanche, la pratique de la marche est bien différente selon l’âge des interrogés. La marche représente 33,9% des déplacements des moins de 18 ans et 32,5% des plus de 65 alors qu’uniquement 15,3% des trajets des personnes âgées entre 45 et 54 ans s’effectuent à pied (Ministère de la Transition Écologique). On remarque ainsi que de façon générale, lorsque les personnes ont la possibilité de se déplacer en voiture, elles le font.
- Le vélo : En 2022, le vélo était utilisé par plus de 700 000 personnes pour effectuer leur trajet domicile-travail. Cette part reste néanmoins marginale comparée à l’utilisation de la voiture. Selon une enquête menée par Statista en 2022, 71% des répondants utilisaient le plus souvent la voiture (ou le covoiturage) pour leurs trajets quotidiens alors qu’ils n’étaient que 12% à répondre le vélo, arrivant après l’automobile, la marche à pied et les transports en commun.
- Les véhicules électriques : la mobilité électrique a connu une réelle tendance à la hausse depuis 10 ans ! Certes, la part des véhicules électriques reste minime comparée à l’ensemble du parc automobile, mais elle ne fait qu’évoluer. En 2010, le parc roulant des véhicules électriques n’était composé que de 102 véhicules alors qu’il en compte 882 531 en 2023 (Ekwateur). Cette augmentation exponentielle provient du fait que le gouvernement a pour objectif d’atteindre 100% de voitures électriques d’ici 2035. Pour ce faire, l’État a par exemple mis en place la prime au rétrofit (une aide financière permettant de transformer le moteur thermique d’une voiture en moteur électrique) ou encore le bonus écologique (une aide financière à l’achat d’un véhicule électrique).
- Les transports publics : Leur utilisation est déjà importante avec 15% des personnes en emploi qui empruntent les transports en commun. Néanmoins, ce pourcentage est très différent en fonction du lieu sur lequel l’étude se focalise. Dans l’aire de Paris par exemple, 42% des actifs se déplacent en transport en commun. À l’inverse, le milieu rural se retrouve délaissé par les réseaux de transports. Les français aimeraient ainsi que les infrastructures soient encore plus développées. En 2021, 89% des français estimaient encore nécessaire de développer les transports publics (Observatoire de la Mobilité 2021).
- Covoiturage et autopartage : Attention à ne pas confondre les 2 ! Le covoiturage, c’est une pratique consistant à partager un véhicule entre plusieurs personnes se rendant à une même destination ou ayant des itinéraires similaires. L’autopartage, c’est un service de location de voitures à court terme où les utilisateurs peuvent louer des véhicules pour des durées limitées, souvent à l'heure ou à la journée. Ces deux pratiques connaissent une forte croissance. Plus d’un million de trajets ont été effectués en covoiturage par plateformes en mars 2023, soit 3.5 fois plus qu’en mars 2022 (Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires). Du côté de l’autopartage, l’augmentation de son utilisation est impressionnante ! On constate une progression de 43% en seulement un an.
III. Les avantages de la mobilité douce
S’il existe autant d’alternatives à nos déplacements polluants, ce n’est pas pour rien ! La mobilité douce représente de nombreux avantages ! En effet, elle permet un impact environnemental moindre grâce au contrôle de la pollution, des avantages économiques, mais aussi une amélioration de la santé et du bien-être.
Mobilité douce et impact environnemental
Les mobilités douces ne génèrent pas ou très peu d'émissions de gaz à effet de serre, contribuant ainsi à réduire la pollution de l’air et à protéger l’environnement. De plus, elles permettent d’éviter les embouteillages qui sont eux-mêmes sources d’une augmentation accrue de la pollution.
Mobilité douce et avantages économiques
La mobilité douce permet bien souvent de faire des économies, surtout quand on utilise sa voiture de façon solitaire ! En utilisant leur voiture, les agents sont confrontés à des frais importants pour l’essence, l’entretien de leur voiture ou encore le prix des stationnements. Utiliser un autre moyen de transport peut être une réelle manière d’économiser. D’après Statista, en 2018, 41% des Français déclaraient utiliser les transports en commun pour faire des économies. Se déplacer en voiture coûte 16 fois plus cher que de circuler en bus, train, métro ou tramway si vous habitez en province. Pour un parisien, l’utilisation de sa voiture lui coûtera 7 fois plus cher (Le Parisien).
Mobilité douce et santé
En utilisant des mobilités douces comme le vélo ou la marche, la personne fournit un effort direct qui lui permet d’améliorer sa santé de manière générale. Nombreuses sont les études qui ont été menées sur les bienfaits du vélo ! Selon une étude danoise datant de 2016, la pratique quotidienne du vélo permet de réduire de 20% le risque de développer du diabète de type 2. Une étude de 2017 provenant cette fois du British Medical Journal indique une réduction de 46% des risques cardiaques et de 45% des risques de développer un cancer.
Au-delà de la santé, c’est le bien-être qui est impacté de manière positive ! Le vélo est le moyen de transport qui procure le plus de bonheur ! D’ailleurs, si vous êtes employeur, sachez que la productivité des salariés pratiquant une activité physique régulière augmente de 6 à 9%.
Enfin, la santé et le bien-être sont également améliorés grâce au fait de ne pas polluer. La pollution de l’air devient plus faible, diminuant les problèmes respiratoires. Les mobilités douces permettent notamment de réduire la pollution sonore, souvent synonyme de stress.
IV. Défis et solutions
S’il est clair que la mobilité douce représente de nombreux avantages, elle n’est pas si simple à mettre en place. Sa promotion est en effet confrontée à de nombreux défis.
Il existe d’abord un manque crucial d’infrastructures, surtout dans les milieux ruraux. Il y a beaucoup plus de pistes cyclables, de transports en commun ou encore de bornes de recharge en voirie dans des grandes villes comme Paris qu’en province. Si “seulement” 47% des déplacements dans Paris et son agglomération sont effectués en voiture, en milieu rural, ce sont 74% des déplacements ! Ces chiffres montrent à quel point le manque d’infrastructures impacte l’adoption de déplacements plus verts. Pour garantir une transition équitable vers des mobilités durables, il est essentiel de prendre en compte tous les cas de figure, notamment les territoires les plus éloignés. La mobilité se doit d’être accessible à toutes et à tous.
Avant même de rendre cette mobilité facile d’accès, il faut sensibiliser le public, et ce, dès le plus jeune âge. Il peut être intéressant de créer des kits de sensibilisation à la mobilité pour les enfants et de leur parler de l’importance du vélo lorsqu’ils apprennent à en faire. Lancer des petits défis avec des récompenses à la clé peut donner envie aux enfants d’en savoir plus sur la thématique ! Pour sensibiliser au maximum, il faut un accompagnement sur du long terme, c’est pourquoi il faut continuer à sensibiliser, même en entreprise !
Une autre solution à prendre en compte peut être l’avancée technologique ! De nombreuses start-ups misent sur celle-ci pour favoriser la mobilité intelligente. L’entreprise Matawan a par exemple créé une plateforme SaaS de mobilité pour piloter en temps réel les réseaux de transport, les connecter et donner les moyens de les optimiser. L’entreprise 1 km à Pied permet quant à elle de diminuer les trajets domicile-travail. Grâce à un logiciel RH, des diagnostics des trajets existants parmi les employés peuvent être établis, permettant ensuite aux employeurs de rediriger leurs salariés vers des sites plus proches de chez eux.
V. La mobilité douce en entreprise : mise en œuvre
Des politiques gouvernementales qui favorisent la mobilité douce
Des politiques gouvernementales sont mises en place afin de faciliter la mise en œuvre de la mobilité douce en entreprise. Nous vous faisons un récapitulatif des dispositifs et règles à connaître :
- La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) : il s’agit d’une loi promulguée en 2019 qui permet d’investir dans les transports du quotidien tout en facilitant leurs usages afin d’engager la transition vers une mobilité plus propre. Au niveau des entreprises, la loi LOM encourage les entreprises à favoriser les plans de mobilité pour leurs employés, en incluant par exemple des incitations pour le télétravail et l’utilisation de modes de déplacements doux.
- Le Forfait Mobilité Durable (FMD) : il s’agit d’un dispositif financier de soutien aux salariés du secteur privé et aux agents de services publics pour leurs déplacements domicile-travail. Un salarié peut bénéficier de 800€ par an, cumulable avec la prime de transports. C’est-à-dire qu’il peut à la fois avoir une prise en charge de minimum 50% de son abonnement de transport en commun et profiter de 800€.
- Indemnité kilométrique vélo (IKV) : il s’agit d’un dispositif facultatif créé par la loi de transition énergétique qui donne la possibilité à l’employeur de prendre en charge les frais de transports des salariés qui effectuent leurs trajets à vélo. Le montant de la prise en charge vélo est de 0,25 € par kilomètre avec un montant maximum de 500 € par an et par salarié pour le secteur privé. (200 € pour le secteur public)
- Verdissement de la composition des flottes d’entreprise : lors des renouvellements, une proportion d’au moins 10% de véhicules à faibles émissions est obligatoire.
Des initiatives à prendre en entreprise
La mise en place de la mobilité douce ne tient pas qu’aux politiques gouvernementales. En effet, les initiatives RSE des entreprises jouent aussi un rôle très important dans ce processus. Selon Welcome to the Jungle, pour 29% des salariés français, l'entreprise est vue comme l’un des acteurs principaux de la transition vers l’éco-mobilité. Chaque entreprise peut mettre en place des dispositifs qui lui sont propres dans la création d’un cadre propice à la mobilité douce. Il peut aussi bien s’agir d’infrastructures que d’incitations financières.
- Mettre en place des infrastructures favorisant les déplacements doux. Puisque les déplacements durables sont bien souvent à l’origine d’efforts physiques, il peut être nécessaire de mettre en place des douches pour que les salariés puissent se laver avant de s’installer à leur bureau. Pour favoriser le covoiturage, des places de parking prioritaires aux covoitureurs peuvent être créées.
- Mettre en place un logiciel pour créer une communauté de covoiturage entre les employés de votre entreprise, mais aussi de celles se trouvant à proximité. Les employeurs peuvent faire en sorte de collecter les lieux de résidence et horaires de départ de chacun de leurs salariés afin de voir si un système de covoiturage serait envisageable. S’il n’y a pas assez de salariés qui se déplacent au même endroit, il peut être intéressant d’étendre ce réseau aux entreprises environnantes.
- Mettre en place des incitations financières et des flexibilités horaires. Chaque entreprise doit rembourser au moins 50% des frais engendrés par l’abonnement de transport nécessaire pour se rendre au travail. Néanmoins, en fonction de l’importance que vous souhaitez donner à la mobilité durable, vous pouvez augmenter ce taux de remboursement. D’ailleurs, pour inciter davantage les salariés à emprunter les transports en commun, il peut être nécessaire de revoir leurs horaires d’arrivée et de départ. Beaucoup n’utilisent pas les transports en commun car ils souhaitent éviter les horaires de pointe. En proposant un rythme plus flexible à vos employés, vous leur permettez de finir à une heure où moins de monde se retrouve dans les transports publics.
- Revoir sa politique de voyages d’affaires. Les voyages d’affaires sont à l’origine de nombreux déplacements polluants. Il est donc nécessaire d’évaluer à chaque fois l’importance de ces derniers. Est-il vraiment indispensable d’aller voir son client sur place ou cela peut-il se faire en visioconférence ? En fonction de la nécessité ou non du trajet, essayez de favoriser le distanciel. Dans le cas où ce déplacement est loin et obligatoire, faites en sorte que vos collaborateurs prennent le train plutôt que l’avion. Vous pouvez mettre en place des incitations financières ainsi que des aménagements horaires.
Le saviez-vous ? : Certaines entreprises ont mis en place des Temps de Trajet Responsable (TTR), c’est-à-dire des journées de congés supplémentaires pour avoir le temps de voyager de manière responsable. Concrètement, il s’agit de deux journées de congé (ou plutôt journées “semi-off” si la connexion Wifi le permet) en plus si le voyageur présente la preuve qu’il a voyagé en train ou covoiturage. Ce dispositif permet de laisser le temps à l’employé de faire un déplacement écoresponsable.
Favoriser un engagement communautaire
Au-delà de dispositifs à mettre en place, il est important de créer un sentiment d’appartenance à une communauté pour favoriser l’engagement de la collectivité. Pour ce faire, il faut que chacun se sente concerné par les enjeux environnementaux. Nous vous donnons quelques exemples :
- S’appuyer sur des journées thématiques. Dédier une journée à l’éco-mobilité peut permettre à vos collaborateurs d’en apprendre plus sur le sujet tout en passant un moment ensemble. Vous pouvez faire des journées avec des thématiques larges comme “ Journée consacrée au vélo “ ou au contraire des thématiques plus précises comme “ Journée sur la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) ”. Plus vous ferez des ateliers autour de l’éco-mobilité, plus vos collaborateurs voudront vous suivre dans cette démarche !
On vous donne d’ailleurs des exemples d’activités à mettre en place pour une journée dédiée au vélo :
- Stand de réparations de vélo : Combien d’entre nous avons laissé de côté notre vélo depuis qu’il est abîmé ? Faire appel à un réparateur peut permettre de redonner de la motivation aux anciens habitués des trajets à bicyclette !😀
- Intervention d’une entreprise de vélos électriques : Pour ceux qui ont moins l’habitude, c’est l’occasion où jamais de penser à adopter le vélo ! En contactant une entreprise qui pourrait faire tester ses vélos grâce à un parcours, vos collaborateurs pourraient mieux s’imaginer utiliser ce mode de transport.
- Atelier de sensibilisation : contacter un groupe local de passionnés de vélo qui parlent des bienfaits de cette pratique donnera encore plus de crédibilité à votre engagement !
- Créer des campagnes de sensibilisation. Vous pouvez faire de la communication pour valoriser les employés déjà adeptes des déplacements doux. Vous pouvez par exemple imprimer une photo d’un de vos employés et écrire quelques lignes à son sujet afin de mettre en avant son engagement. Affichez ce portrait dans une zone de passage de votre entreprise pour que le plus d’employés possibles le voient. Voir certains employés valorisés donnera envie aux autres de s’engager de la même façon. Vous pouvez même élargir votre impact en publiant un post Linkedin pour montrer qu’il est vraiment de plus en plus important de venir à vélo !
- Créer des challenges au sein de votre entreprise. Nous savons bien que lorsqu’il y a une compétition avec un gain à la clé, il est plus simple d’attirer des personnes motivées ! Alors pourquoi pas créer des concours entre vos collaborateurs ? Vous pouvez par exemple faire un défi de l’employé en voiture qui réussira à covoiturer avec le plus de personnes possibles, ou alors faire une compétition incitant chacun à trier au mieux ses déchets. Faire une compétition peut créer cet esprit de communauté en poussant chacun à faire de son mieux !
- Les serious games : une méthode ludique pour capter l’attention de vos collaborateurs. Avez-vous déjà testé les serious games ? Ils permettent de rendre plus attrayante la transmission du contenu sérieux grâce à des objectifs ludiques et pédagogiques ! C’est le cas des escape games qui peuvent d’ailleurs s’effectuer en ligne (pour éviter les déplacements polluants 😉) ou en présentiel ! Ils ont tendance à favoriser l’écoute de vos collaborateurs grâce à une façon plus “fun” et active d’aborder des thématiques très sérieuses. Vous pouvez d’ailleurs faire des escape games sur le Numérique Responsable ou encore le Handicap en entreprises. Enigmes à résoudre à plusieurs, vidéos, quizz… Un panel d’activités qui engagera facilement vos collaborateurs ! Alors, prêts à sensibiliser dans la bonne humeur ?
Pour plus d’informations, vous pouvez nous contacter sur The Wokies.
VI. Conclusion
L’avenir de la mobilité douce dépend de l’implication de chacun ! Les décisions gouvernementales et les initiatives des entreprises ont un rôle central à jouer pour favoriser la prise de conscience des citoyens. Ces entités jouent un rôle de sensibilisateur, car ce sont en réalité surtout les démarches personnelles qui permettent de préserver l’environnement. Sans l’implication des communautés, on ne pourra aller vers un avenir durable.